Les changements environnementaux récents dans le lac de Sidi Bou Rhaba (Maroc) déduits à partir des gyrogonites fossiles de Charophytes. Dans le but de reconstituer les changements climatiques durant l’Holocène dans le lac de Sidi Bou Rhaba, en suivant la dynamique des populations de Characées, un carottage de 120 cm de profondeur a été réalisé dans sa partie sud. L’observation des échantillons du sédiment a révélé la présence de milliers d’oospores et de nombreuses gyrogonites (fructifications femelles calcifiées des Characées). Les oospores étaient toutes vides et mal conservées, ce qui signifie qu’elles ont perdu leur pouvoir de germination. Les gyrogonites fossiles et subfossiles ont été attribués à quatre taxons de Charophytes : Lamprothamnium papulosum (Wallroth) J. Groves, Chara aspera Detharding ex Willdenow, C. connivens Salzmann ex A. Braun et C. baltica Bruzelius. Deux de ces espèces, L. papulosum et C. baltica n’avaient jamais été signalées à l’état vivant dans ce lac. Elles sont typiques pour un milieu d’eau saumâtre. Leur présence est considérée comme une réponse à une salinité supérieure à celle qui règne aujourd’hui et interprétée comme signe d’une période d’années sèches. Chara connivens, au contraire, marque une diminution de la salinité, indiquant, de ce fait, des années plus humides. Chara aspera, espèce oligohaline, supporte des taux de salinité allant jusqu’à 12 g·l–1, alors que C. baltica est adaptée à de l’eau saumâtre où la teneur en sels peut aller jusqu’à 15 g·l–1. Les changements quantitatifs des restes de ces taxons dans les différentes profondeurs du sondage montrent que la salinité du lac de Sidi Bou Rhaba a subi d’importants changements au cours du dernier siècle.