L’architecture végétale et ses concepts de base (ramification séquentielle, modèles architecturaux, réitération) sont nés dans les régions tropicales humides ; une étude floristique détaillée de l’archipel Juan Fernández a fourni l’occasion de vérifier si les concepts architecturaux restent valables dans un environnement complètement différent. L’île Robinson Crusoe, isolée dans le Pacifique à 33° de latitude Sud, a un climat tempéré océanique, une topographie contrastée et une flore riche, au pourcentage élevé d’endémiques. L’analyse architecturale de plus de 50 espèces de fougères et d’angiospermes a donné un résultat très clair : non seulement les concepts de base restent valables, mais les 12 modèles architecturaux recensés sont identiques à ceux que présentent les flores continentales, même si leurs répartitions systématiques diffèrent. Les capacités de réitération sont réparties de façon très inégale : rares ou absentes chez la plupart des espèces endémiques, elles sont au contraire extrêmement développées chez les « pestes » introduites du continent, Maqui, Zarzamora et Murtilla. Il est vraisemblable que cette énorme différence dans les capacités de réitération rende compte des menaces que les « pestes » font peser sur les endémiques. La seule possibilité qui reste pour sauver les endémiques semble être la création d’un jardin botanique sur l’île Robinson Crusoe.