Publié en 1984
Les paludiers de Guérande ont créé et maintenu pendant plus d'un millénaire et jusqu'à nos jours, un milieu artificiel original dont ils ont longtemps tiré leur moyen d'existence principal : le sel. Ce livre présente d'abord les techniques par lesquelles s'effectue cette transformation constante d'un écosystème en moyen de production, renouvelée saison après saison. C'est à ce titre une contribution à l'ethnologie des techniques, tant par les matériaux qui y sont rassemblés, que par la manière dont ceux-ci ont été analysés. Les hommes n'en sont cependant pas absents, puisqu'à travers leur travail dans les marais salants, c'est l'essentiel des activités économiques des communautés paludières qui est décrit. Il faut vendre le sel pour se nourrir, c'est pourquoi l'auteur s'est également attaché à reconstituer l'histoire des conditions sociales de sa production et de sa distribution. On y voit trois personnages – le paludier-producteur, le marchand et le propriétaire de marais – tenter de résister au rouleau-compresseur que constituent, depuis le début du XIXe siècle, les grandes compagnies salinières de l'Est et du Midi de la France. On y entrevoit aussi pourquoi le marais salant de Guérande est encore bien vivant, d'une part comme élément singulier du patrimoine humain, mais aussi et d'abord comme moyen de travail d'hommes et de femmes de 1984.