L’une des contributions les plus importantes d’Alcide d’Orbigny réside dans son travail de 1850 sur le Danien parisien. Le Danien comporte surtout des empreintes externes, qui sont finement préservées, et, en réalisant les premiers moulages de ces empreintes, Alcide d’Orbigny inaugura une démarche originale, lui permettant de décrire plus de 40 espèces. Les gisements daniens furent durant plus d’un siècle l’objet d’interminables querelles quant à l’âge des dépôts que l’on y observe. Cette discussion se clôtura seulement dans les années 1970, quand le problème fut tranché par les micropaléontologistes.
One of the major contributions of Alcide d’Orbigny to palaeontology is his work on the Danian of the Paris Basin. The Danian material includes well-preserved external imprints of Invertebrates. By making casting of these imprints, Alcide d’Orbigny inaugurated an original technique, which enabled him to describe more than 40 species. The question of the age of the Danian localities has long been debated since that time. It was settled once and for all in the seventies by micropalaeontologists.
Au cours de ses nombreux travaux, Alcide d’Orbigny se consacra à l’étude des mollusques du Tertiaire français. Son
Alcide d’Orbigny ne fut pas le premier à s’intéresser aux couches daniennes, puisque les premiers travaux débutèrent seize ans avant la parution de sa note de 1850. En effet, en 1834, Élie de Beaumont
D’Archiac
Le Danien n’est pas encore né, mais, dès 1836, il était en gestation. Pour valider l’existence d’un étage, il fallait encore démontrer que ce calcaire (= calcaire pisolithique), récemment découvert, possédait une extension générale, et non locale. Cette étape fut franchie par Desor
En 1847–1848, Hébert
Comme il l’explique dans son introduction, Alcide d’Orbigny décide d’étudier la faune du Danien, car il a remarqué l’insuffisance des données paléontologiques étayant les discussions stratigraphiques de ses prédécesseurs. Pour réaliser cet objectif, il se fonde sur les fossiles de son frère Charles, dont il dit qu’il a été trompé par de fausses déterminations et sur de nouvelles récoltes faites dans le bassin de Paris par Hébert. Ce matériel, nous affirme-t-il, lui permit de commencer « un travail sérieux sur l’ensemble ». Il est vrai qu’aucun inventaire, ni monographie, n’avait été publié. La première raison à ce constat tient vraisemblablement à l’état des fossiles. En effet, à la différence des autres étages du bassin de Paris, le Danien comporte essentiellement des empreintes, ce qui rend leur exploitation difficile.
L’étude des fossiles à partir des empreintes est sans doute l’un des points forts majeurs du travail d’Alcide d’Orbigny. Il avait parfaitement conscience de la nécessité d’une telle approche, mais aussi de l’utilité de ces empreintes. Avant de donner la liste et la description des espèces, il énonce clairement sa démarche et il n’est pas vain de reproduire son propos : « Pour arriver à reconstruire les espèces à l’état de moules et d’empreintes, nous en avons fait des moulages, et après quelques mois de recherches et de comparaisons minutieuses, nous sommes arrivés à trouver la faune fossile de l’étage danien. » La technique du moulage lui a donc permis d’étudier précisément cette faune, ce que certains auteurs, comme Vincent
Le second point fort de son travail réside dans l’étude paléontologique même. Premièrement, il démontre que les déterminations communiquées par d’Archiac
En décrivant une faune entièrement nouvelle, il justifie donc l’unité biostratigraphique de l’étage Danien, indépendamment de toute considération sur son âge Secondaire ou Tertiaire. Bien que ce travail représente un progrès considérable dans la connaissance des faunes daniennes, on peut cependant reprocher à d’Orbigny de ne pas avoir figuré les espèces décrites. Certes, les descriptions, bien que courtes, permettent une détermination assez fiable des espèces daniennes, mais l’absence de figures a alimenté l’idée que les fossiles récoltés dans le Danien sont trop mal conservés pour apporter une information biostratigraphique fiable
On peut également reprocher au travail de d’Orbigny le fait d’avoir mélangé avec les fossiles du bassin de Paris plusieurs espèces de Fakse, qui, on le sait maintenant, marquent le Maastrichtien (par exemple,
Probablement sous l’effet persuasif des arguments géologiques et paléontologiques donnés par Élie de Beaumont, Desor et Alcide d’Orbigny, la polémique sur le Danien se calme de 1850 jusqu’au début des années 1900. L’âge Crétacé du Danien apparaît alors dans les manuels (ex. : Alcide d’Orbigny
Toutefois, les tenants de l’hypothèse « secondariste » maintinrent leur position, affirmant que les récifs de Vigny et de Montainville se seraient édifiés dans une mer crétacée
De leur côté, les arguments en faveur d’un Danien tertiaire progressaient aussi. Pinard
Les progrès concernant la macrofaune, et notamment les Mollusques, stagnèrent, en revanche, considérablement (
On doit la reprise du travail d’Alcide d’Orbigny à Meyer, qui réunit un matériel considérable de tous les groupes, en fit des moulages, tout en apportant une grande quantité d’observations de terrain. Le fruit de ces recherches est rassemblé dans un travail général sur Vigny et dans une étude détaillée d’un Céphalopode Coleoide Sepioide
Le travail précurseur d’Alcide d’Orbigny (1850)
J.-C. Meyer trouvera ici le gage de notre reconnaissance pour avoir mis à notre disposition le matériel qu’il a récolté pendant près de 30 ans. Nous remercions Ronan Allain pour ses judicieuses critiques ainsi que Philippe Janvier, Didier Néreaudau et Philippe Taquet pour la relecture de ce manuscrit. Nos remerciements s’adressent aussi à Denis Serrette et à Philippe Loubry, pour la qualité de leurs photographies.
Alcide d’Orbigny was interested in the study of the Tertiary molluscs from France. His
Alcide d’Orbigny was not the first worker interested by the Danian beds, since previous papers had been published 16 years before his note of 1850. In 1834, Élie de Beaumont
In the same year, d’Archiac
In order to argument that the newly discovered limestone (= ‘calcaire pisolithique’) corresponds to real stage, it was fundamental to demonstrate that it possesses a wide geographical range. This step was made by Desor
In 1847–1848, Hébert
As he explains in his introduction, Alcide d’Orbigny decided to study the Danian fauna, because of the inadequacy of palaeontological data given in the stratigraphic discussions. He studied the fossils of Charles d’Orbigny and a new material sampled by Hébert, and he wrote that this material allows to him to begin “a serious work on the entire material”.
The study of the external imprints is one of the strongest aspects of d’Orbigny’s work. He perfectly understands the necessity of this approach and the usefulness of the imprints. Before providing the list and description of the species, he clearly depicts his way of reasoning: “In order to reconstruct the species preserved as natural moulds and imprints, we made casts of them, and, after several months of research and detailed comparisons, we could discover the fauna of the Danian stage.” The technique of the cast allowed him to closely study the Danian fauna, but several authors
The second strong point of Alcide d’Orbigny’s work is his palaeontological study itself. Firstly, he demonstrated that the determinations made by d’Archiac
Consequently to the description of an entirely new fauna, Alcide d’Orbigny demonstrated the biostratigraphical unity of the Danian stage. But although this work represents a real progress in the knowledge of the Danian, the figures of the described species are sadly lacking. Although they are short, the descriptions allow accurate determinations at the specific level, but the fact that the figures were missing strengthened the opinion that the Danian fossils were too poor to provide any stratigraphic information
It is, however worthy noticing that Alcide d’Orbigny mixed the Danian fossils from the Paris Basin, with several species from Fakse (e.g.,
As a probable consequence of the geological and palaeontological arguments provided by Élie de Beaumont, Desor and Alcide d’Orbigny, the debate on the Danian was closed until the 1900s. Then the Cretaceous age of the Danian appears in handbooks (e.g., Alcide d’Orbigny
The ‘secondarist’ hypothesis was far from being dead. It was supported by the idea that the Vigny reef was built during the Cretaceous
The ‘tertiarist’ hypothesis was also progressing. Pinard (1936)
However, the Danian macrofauna of Paris area remained poorly studied (
Alcide d’Orbigny’s work was pushed further by J.-C. Meyer who, during 30 years, sampled an important fossil material, made casts and provided numerous field observations in the Danian of the Paris area. Unfortunately, his research and the description of a new Danian sepioid were published in poorly diffused journals
Alcide d’Orbigny’s work of 1850, based on the study of the Invertebrates external imprints from the Danian of Paris area has often been cited, but its precursor scope has been neglected during the long heated debate on the Cretaceous versus Tertiary age of the Danian stage. Moreover, the negative comments of Vincent and the few novelties provided by Chavan, who revised this fauna, hampered research on the Danian Invertebrates faunas in the 20th century. The scope of the Alcide d’Orbigny’s work would not have been revived without the extensive collection work of Meyer in the 1980s. One century and half after d’Orbigny’s article of 1850, a taxonomic monograph on the Danian Molluscs of the Paris area is now in preparation in order to definitely fill this gap.
Échantillon de spécimens types du Danien de la collection d’Orbigny.
Samples of Danian type specimens of the d’Orbigny’s collection.
Extrait du catalogue de la collection d’Orbigny, dressé sur l’ordre du ministre de l’Instruction publique et des Cultes, en date du 23 novembre 1858.
Extract of the catalogue of the d’Orbigny’s collection, ordered by the ‘Ministre de l’Instruction publique et des Cultes’ and dated 23 November 1858.
Évolution du nombre d’espèces de Mollusques du Danien du bassin de Paris connues depuis 1850. 1850 : A. d’Orbigny ; 1950 : Chavan
Evolution of the number of Mollusc species of the Danian of Paris Basin known since 1850. 1850: A. d’Orbigny ; 1950: Chavan
Liste de spécimens types de Mollusques du Danien répertoriés dans la collection d’Orbigny et déposés à la typothèque du laboratoire de paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle.
List of the type specimens of the Danian Molluscs registered in the d’Orbigny collection and deposited in the ‘Laboratoire de paléontologie’ of the ‘Museum national d’histoire naturelle’.