Des charbons de bois, témoins d'anciens feux, ont été découverts dans des dolines de la partie asylvatique ou déforestée des Grands Causses subméditerranéens. Les premières datations AMS 14C ont été effectuées sur des charbons de
Charcoal remains, evidence of ancient fire, have been discovered in the dolines of the asylvatic or deforested sub Mediterranean area, from the ‘Grands Causses’. First 14C AMS dating on
Research based on charcoal analysis from archaeological contexts has contributed to a better knowledge and understanding of ancient environments and anthropogenic processes, especially in the Mediterranean area and in the Causses region
Investigations have been carried out in three different areas (
Four hundred and two charcoal fragments were recovered from the sieving of 500 L of sediments. Abundance of charcoal fragments varies greatly from zone to zone, most probably as a result of pedogenetic factors, the geomorphological context or changes of the forest cover
Three zones are clearly distinguished (
The taxonomic list obtained in zone 1 is likely to correspond to a pine forest growing on fertile soils
A preliminary series of 14C AMS dating has been effectuated (
Dates based on charcoal fragments identified as
The earliest date obtained comes from Chanet 1 and is based on material assigned to three different taxa. Therefore, the possibility of mixture of materials cannot be ignored.
Homogeneous dates have been obtained with material from Chanet 3, despite diversity of material submitted to 14C analysis. It would seem that charcoal age is independent of the fragmentation degree. Other charcoal fragments provide evidence of a beech forest in an area close to the southeastern limit.
In order to obtain further anthracological information, sediment samples were taken, at ‘Sot de la Lavogne’, from a ‘doline’ situated next to a burial site
Ten litres of sediment were collected each 10 cm. A total of 1 204 charcoal fragments has been recovered. These were particularly abundant at the bottom of the sequence and scarce in the upper layers.
Several phases are identified.
The spread of human settlement in the Causse Méjean begins during the Neolithic period
Results from ‘Sot de la Lavogne’ and the other sampled ‘dolines’ support the existence of several phases of fire, affecting pine forests in the northern areas of the Causse, during the period 4800–3000 BP.
It is important to underline that these fire events seem to be the last important forest fires in the area. The origin of present-day vegetation seems to date back to the Bronze Age, when the effects of animal husbandry are clearly felt.
The advance of the present pine forest following decreasing land use
Les travaux réalisés sur les assemblages archéologiques de charbons de bois ont largement contribué à la connaissance des paléoenvironnements et de leur anthropisation, particulièrement en région méditerranéenne française et dans les Causses
Les Grands Causses sont de hauts plateaux subméditerranéens
Les charbons de bois constituent un matériel de choix dans les sols
Trois zones ont été étudiées, comprenant 13 sites et 18 prélèvements : la partie nord-est, le long de la D16 depuis l'aérodrome de Chanet, la partie centrale, le long de la D63 de Nivoliers à Drigas, partie sud-est en bordure du Causse, de Frépestel à Nı̂mes-le-Vieux. En outre, un sondage a été entrepris dans une doline, le « Sot de la Lavogne » (
À chaque fois, 30 L de sol au moins ont été prélevés afin d'avoir des échantillons comparables. Chaque prélèvement est tamisé à 2 mm, les refus sont séchés, puis triés, et les charbons extraits à la pince. Les identifications sont réalisées grâce à la collection du laboratoire sur cassures fraı̂ches, orientées en microscopie photonique fond clair/fond noir.
Sur les 18 prélèvements, nous avons pu extraire 402 charbons dans 500 L de sol. Du point de vue de la végétation actuelle, les stations choisies sont toutes localisées ou en pelouses, pelouses steppiques à
Il apparaı̂t que les fréquences sont hétérogènes : 1,17 charbon/litre dans la zone 1 ; 0,725 charbon/litre dans la zone 3 ; 0,116 charbon/litre dans la zone 2. Ces différences, au stade préliminaire de la recherche, peuvent être dues à des conditions locales de pédogenèse, au contexte géomorphologique ou aux variations du couvert forestier.
La proportion de charbons indéterminables, petits ou vitrifiés (35 %) est acceptable. Gymnospermes et Angiospermes sont en proportions comparables (48/52 %). Vingt-sept taxons ont été reconnus, la plupart au niveau du genre. Parmi les Gymnospermes, les pins dominent les genévriers (85/5 %). Chez les Angiospermes, la représentation est plus diverse, avec 29 % de
Trois ensembles se dégagent nettement (
Nos résultats démontrent l'existence d'un couvert forestier hétérogène dans la partie actuellement asylvatique ou déforestée du causse Méjean.
L'existence d'une pineraie dans la zone 1 est particulièrement vérifiée. Vanden Berghen
Compte tenu des taxons-charbons identifiés, la zone 1 aurait été couverte de pineraies moussues sur sols profonds. Comme on peut aussi le noter, les chênes caducifoliés sont peu fréquents. Nos résultats traduiraient l'optimum holocène de développement de la forêt sur le causse.
Des datations AMS ont donné les résultats exposés ci-après (
Ces âges appellent quelques commentaires. Nous avons considéré tout d'abord le paramètre taxonomique, afin de ne dater que des taxons les mieux identifiés possibles. Nous pouvons constater que sur le seul
Ces premiers résultats démontrent aussi l'existence d'une hêtraie dans la zone 3, zone de crêtes et de dépressions proches de la bordure sud-est du causse Méjean. L'échantillon n° 8 a fourni une date remontant au XVIIIe siècle, tandis que tous les autres sont récents. Ces dernières dates sont très surprenantes ; elles montrent que la hêtraie ne s'est pas reconstituée et que la pelouse y prévaut aujourd'hui.
Afin de compléter l'information anthracologique, une doline jouxtant un site sépulcral a été étudiée
De haut en bas, on distingue un niveau de terre arable indurée (0–130 cm) contenant des tessons des XVII et XVIIIe siècles. De 130 à 190 cm, une zone plus indurée, assez semblable à la précédente, fait la transition avec une couche sombre (190–250 cm). Cette couche sombre repose elle-même sur une couche de sédiment très noire, qui a pu être datée sur os (Ly6575 : 3915±70 BP et Ly7225 : 3865±80 BP)
Les prélèvements ont été faits tous les 10 cm, à raison de 10 L de sédiment à chaque fois. Un total de 1 204 charbons ont pu être extraits du Sot de la Lavogne. Ces charbons sont surtout abondants à la base et se raréfient ensuite.
Le peuplement intensif du causse Méjean débute réellement au Néolithique
On peut cependant nuancer ces propositions de Lorblanchet : les dolmens sont surtout sur calcaire, plus fréquent à l'est ; il est possible que l'exploitation résinière soit à l'ouest, car au plus près de la vallée du Tarn.
Nos résultats montrent en tout cas que plusieurs phases de feux affectant des pineraies sont comprises entre 4800 et 3000 BP dans la partie nord, ce que le site du Sot de la Lavogne confirme dans ses grandes lignes. Ce qui paraı̂t essentiel aussi, du point de vue écologique, c'est que ces feux paraissent les derniers feux de forêts importants et que, postérieurement à l'âge du Bronze, le paysage actuel s'est mis en place, fortement marqué par le pacage. Ceci justifie une étude fine de la dissémination moderne des pins, afin de voir, à une époque où l'anthropisation régressive a beaucoup baissé, si la totalité du causse Méjean sera ou non susceptible de se reboiser.
Concernant la hêtraie, sa disparition sur les marges sud-est semble beaucoup plus récente et liée aux perturbations historiques.
Jusqu'au XXe siècle, le causse Méjean était intensément anthropisé, les dolines cultivées, le reste donné au mouton. Avec la déprise récente, nombre de petits exploitants ont disparu, avec pour conséquence une tendance au boisement spontané
Ces recherches bénéficient d'un programme CNRS/région Languedoc–Roussillon (PEVS–Espaces boisés–Espaces ouverts dans les Grands Causses) ; les datations ont été réalisées au laboratoire des faibles radioactivités à Gif-sur-Yvette ; Gilbert Fages a bien voulu attirer notre attention sur la doline du Sot de la Lavogne.
Le contraste causse nu/causse boisé et localisation des prélèvements.
The opposition uncover Causse/forest Causse and sample area.
Datations 14C, (
14C Dating, (