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Les pareiasaures (Amniota, Parareptilia) du Permien supérieur du Bassin d'Argana, Maroc

Nour-Eddine JALIL & Philippe JANVIER

fr Geodiversitas 27 (1) - Pages 35-132

Publié le 31 mars 2005

Le matériel de pareiasaures décrit dans ce travail provient de l’unité lithostratigraphique T2 (Membre de Tourbihine) de la Formation d’Ikakern (Permien supérieur) du Bassin d’Argana (Maroc). Il comprend un nouveau taxon, Arganaceras vacanti n. gen., n. sp., représenté par un crâne pratiquement complet, ainsi que du matériel post-crânien, provenant de divers gisements du même niveau et de la même région, et attribué à deux formes différentes provisoirement nommées ici Pareiasauria gen. et sp. indet. 1 et Pareiasauria gen. et sp. indet. 2. La recherche de la position phylogénétique et systématique des pareiasaures d’Argana a conduit à la reconsidération des caractères récemment utilisés dans les analyses phylogénétiques des pareiasaures. L’analyse phylogénétique présentée ici est fondée sur une matrice de 128 caractères et 32 taxons. Arganaceras vacanti n. gen., n. sp. est une forme très dérivée, proche de l’espèce européenne Elginia mirabilis Newton, 1893 (Permien terminal d’Écosse), avec laquelle il partage trois synapomorphies. Arganaceras n. gen. et Elginia pourraient être rapprochés du pareiasaure nonnommé du Kupferschiefer (Permien terminal d’Allemagne) sur la base d’une synapomorphie (os surnuméraires développés s’étendant postérieurement audelà des postpariétaux). Arganaceras vacanti n. gen., n. sp. se distingue de tous les autres pareiasaures par 11 autapomorphies. Le stapes, jusqu’alors inconnu chez les pareiasaures, est décrit et figuré pour la première fois et présente une morphologie remarquablement derivée, comparable à celle du stapes des Sauropsides actuels. La nature de l’os surnuméraire des pareiasaures est discutée. Sa position sur le toit crânien et sa parfaite intégration au reste du crâne, avec une importante lame ventrale fixant le supratemporal sur sa face interne, laissent supposer qu’il s’agit plutôt d’un élément néoformé que du tabulaire ou d’un ostéoderme intégré au crâne. Aucune reconstitution détaillée du crâne d’A. vacanti n. gen., n. sp. n’est tentée, afin d’éviter que des analyses futures ne se fondent que sur une reconstitution approximative. L’analyse phylogénétique montre que le Pareiasauria gen. et sp. indet. 1 se place en groupe-frère des Pumiliopareiasauria, avec lesquels il partage deux synapomorphies (ectépicondyle étroit et arrondi et plaque iliaque non étendue antérieurement). Le Pareiasauria gen. et sp. indet. 2 diffère du Pareiasauria gen. et sp. indet. 1 par des arcs neuraux moins renflés en vues antérieure et postérieure ; des épines neurales non comprimées latéralement ; des pré- et postzygapophyses moins larges ; une plaque iliaque plus étranglée à sa base, avec un corps de l’ilion fortement incliné vers l’avant ; et une tête proximale du fémur plus recourbée vers l’avant. L’analyse phylogénétique montre que ce pareiasaure appartient au groupe des Therischia, mais ses relations phylogénétiques au sein de ce groupe ne sont pas résolues. Les caractères du Pareiasauria gen. et sp. indet. 2 sont compatibles avec la position phylogénétique d’Arganaceras vacanti n. gen., n. sp. et ce matériel post-crânien pourrait lui être attribué. Les relations phylogénétiques étroites entre Arganaceras vacanti n. gen., n. sp. et Elginia mirabilis suggèrent un âge permien très tardif, probablement Tatarien supérieur, pour le sommet de l’unité T2 de la Formation d’Ikakern.


Mots-clés :

Parareptilia, Pareiasauria, Permien, Maroc, anatomie, phylogénie, biostratigraphie, nouveau genre, nouvelle espèce

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