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Pourquoi la Bible des Septante a-t-elle traduit le zemer du Deutéronome en kamelopardalis ? Réflexions sur le statut symbolique et alimentaire de la girafe

Thierry BUQUET

fr Anthropozoologica 41 (1) - Pages 7-25

Publié le 30 juin 2006

Dans la Bible hébraïque, le Deutéronome donne une liste d'animaux purs propres à la consommation (ruminants à sabots fendus) parmi lesquels figure le zemer, hapax dont le sens zoonymique exact est perdu. La version grecque de la Bible, dite des Septante, rédigée à Alexandrie au IIIe s. av. J.-C., a traduit zemer par kamelopardalis, la girafe. L'article se propose d'étudier les conditions dans lesquelles s'est faite cette traduction problématique en essayant d'en dégager les motivations philologiques (l'histoire de son nom), historiques (connaissance de l'animal en Égypte ptolémaïque et dans l'Antiquité), zoologiques (hypothèses d'identification du zemer, classification comme ruminant de la kamelopardalis), à une époque où la girafe était très peu connue des Grecs, alors que le passage biblique en question demeure le plus ancien témoin connu du mot kamelopardalis dans la littérature hellénistique. Il s'agit alors d'étudier le statut alimentaire (mange-t-on sa viande ? Est-elle considérée comme pure et licite chez les juifs et les musulmans ?) et symbolique (ruminant exemplaire, doux et vertueux ?) attribué à la girafe, alors que cette incorporation dans le bestiaire biblique contribuera ensuite à signaler cet animal exotique à l'Occident médiéval. En reprenant les éléments des différentes enquêtes et exégèses zoo-historiques qui se sont succédé depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque moderne, nous mettons en évidence les aspects symboliques qui expliquent en grande partie la présence de la girafe dans le Deutéronome grec.


Mots-clés :

Girafe, zemer, Bible, Deutéronome 14,5, animaux dans la Bible, animaux purs, interdits alimentaires, zoonymes.

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