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Taphonomic, chronostratigraphic, paleoenvironmental and anthropogenic implications of the Upper Pleistocene faunas from Le Trou Magrite, Belgium

Achilles GAUTIER, Jean-Marie CORDY, Lawrence Guy STRAUS & Marcel OTTE

en Anthropozoologica 25-26 - Pages 343-354

Publié le 01 juin 1998

Cet article est tiré de la thématique Actes du 7ème colloque de l'International Council for Archaeozoology, Constance, septembre 1994

Implications taphonomiques, chronostratigraphiques, paléoenvironnementales et anthropogéniques des faunes du Pléistocène supérieur du Trou Magrite, Belgique

De nouvelles fouilles menées sur le site classique du Trou Magrite, près de la confluence de la Lesse avec la Meuse, en bordure NE de l'Ardenne dans la Province de Namur, ont mis au jour des restes de dépôts couvrant environ les trois quarts du Pleistocène supérieur et contenant des industries moustériennes et aurignaciennes. Les stades isotopiques 5, 4 et 3 sont représentés par des sédiments d'origines alluviale, colluviale, éolienne et cryo-génique. À l'exception du dépôt alluvial de base, des restes de mammifères se trouvent dans toutes les couches, mais proviennent de sources taphonomiques diverses : mort naturelle de carnivores (ours des cavernes) dans la grotte, acquisition de carcasses d'ongulés par des carnivores (ours, loup, renard, blaireau), régurgitation en pelotes des restes de microfaune par des hiboux, et charognage ou chasse des ongulés par des hominidés. Des traces de rongement, de boucherie et de brûlure sont présentes en petites quantités sur des ossements à travers toute la séquence, bien que des témoignages d'action humaine soient relativement plus communs dans les couches aurignaciennes que dans les couches moustériennes. Le spectre microfaunique de la lentille de pelotes de régurgitation au sein de la Couche 5 supérieure (qui comprend notamment Lagurus lagurus, Cricetulus migratorius, Ochotona pusilla et Lemmus lemmus) est très similaire au spectre de la Biozone V grise de la Grotte de Sclayn (Province de Namur) qui est attribuée à la phase Melisey II (stade isotopique 5b, 95-85 kA bp). Quoique les restes de carnivores soient relativement abondants et divers dans les couches moustériennes et sont toujours bien représentés dans les couches aurignaciennes (où, néanmoins, ce sont des espèces plus petites, telles que des renards et le blaireau), des restes d'ongulés sont beaucoup plus nombreux dans les couches aurignaciennes. Ceux-ci sont dominés par le renne, le cheval et le bouquetin, qui témoignent d'une chasse humaine active. Les blaireaux auraient pu quelque peu remanier les dépôts. Des restes isolés de mammouth et de rhinocéros laineux se trouvent éparpillés dans toutes les couches, mais ils auraient pu être apportés par l'érosion karstique ou par le charognage depuis le plateau au-dessus de la grotte. La faible présence du sanglier dans les couches aurignaciennes indiquerait l'existence d'un microhabitat boisé le long de la gorge de la Lesse, en dépit de climats plutôt froids et secs et des végétations ouvertes entre 40-30 kA bp en Belgique. Des analyses de l'éruption et du cément dentaires (ces dernières par A. Stutz, D. Liebermann et A. Spiess) suggèrent la chasse aurignacienne des rennes, bisons et bouquetins pendant la saison froide, sans aucun indice sûr de résidence estivale humaine dans la grotte. Le renne est représenté par la plupart des éléments anatomiques majeurs, ce qui suggère que les abattages ont eu lieu tout près (dans la vallée ?) et que des carcasses plus ou moins complètes furent apportées à la grotte pour la boucherie et la consommation. Le cheval est bien moins complètement représenté et aurait pu avoir été tué plus loin de la grotte. Des analyses immunologiques (par M. Newman) révèlent que quelques grattoirs aurignaciens portent des résidus de protéine (sang ?) de boviné (bison ?), de lagomorphe (lièvre  siffleur) et d'humain, ce dernier provenant de coupures accidentelles lors de l'emploi de l'outil.
 


Mots-clés :

Trou Magrite, Belgique, Pléistocène supérieur, Moustérien, Aurignacien, faune.

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